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Le journal de bord de Jacqueline et Michel HENNEBERT
1999 - 2000

du 27 octobre 1999 au 22 novembre 2000

31/12/99
24/03/00
13/11/00
Bas de page

 

 

Date : 27/10/99

Nous sommes à Rawson (ndlr : voir carte ci-dessous, côte Est au Sud de la presqu'île de Valdès) toujours en Argentine après nous être arrêtés à Mar del Plata très sympa et dans le Golfo Nuevo. Nous avons eu beaucoup de chance en y arrivant car deux baleines nous ont fait le grand show sautant hors de l’eau presque complètement, et ce deux fois chacune, c’est plutôt impressionnant de voir ces énormes masses de plus de cent tonnes presque à la hauteur des deuxième barres de flèches et ce à vingt mètres du bateau, nous étions fascinés et du coup ni photo ni film, juste Jacqueline disant "Michel il faut faire quelque chose elles vont nous rentrer dedans ou nous tomber dessus", nous ne nous y attendions pas, il y avait trente nœuds de vent et un bon clapot. Malheureusement notre ami Olivier et sa fille Laetitia qui étaient avec nous pour deux jours étaient trop malades pour sortir.

Nous terminons les derniers préparatifs du bateau pour que tout soit en parfait état avant de nous lancer fin de semaine d’abord dans des criques désertes et paraît il superbes de Golfo san Juorge à 120NM dans notre sud puis en principe une route directe pour la Géorgie du Sud à moins que le temps ou les glaces nous fassent préférer de nous arrêter au passage à Port Stanley aux Malouines où nous prévoyons en principe de nous arrêter au retour sur notre route vers Ushuaia vers le 15 ou 20 décembre. Un petit email de vous avant notre départ le 29 nous ferait plaisir avec plein de nouvelles.
Sinon, inmarsat C est toujours là
: 3615 télécomsat puis n° 422856810

Jami

 

  Date : 31/12/99

Nous te souhaitons a toute ta famille et aux membres du CVBC de réaliser vos voeux les plus doux et les plus fous pour cette nouvelle année, ce nouveau siècle, ce nouveau millénaire. De Ushuaia nous vous souhaitons une très heureuse nouvelle année et une bonne plongée dans le troisième millénaire.

Après Carmelo en Uruguay où nous avons préparé Callibistris, l’avons sorti de l’eau sur un slip à l’ancienne, plutôt spectaculaire surtout la remise à l’eau qui est un véritable lancement, avons constaté que l’antifouling commandé en mai n’était toujours pas là (dans les eaux froides ce n’est pas très grave), nous sommes retournés à Buenos Aires, l’accueil du Yacht Club Argentino a encore été merveilleux. De là Mar del Plata , 300 NM, même accueil chaleureux ; il y avait là Philippe Poupon, sa femme Christine et ses deux filles Morgan et Nina qui retour de France après la saison de course embarquaient à bord de leur Fleur Australe pour 5 mois vers la Géorgie du Sud. Nous voyons dans le port nos premiers lions de mer du sud.

Nous descendons en Patagonie vers Rawson, 500 nm, port de pêche dans une rivière qui assèche presque complètement à marée basse (c’est bien un dériveur) ; le pêcheur derrière lequel nous empruntons le chenal d’accès très tortueux et non balisé nous offrira en cadeau de bienvenue poisson et langostinas. Pendant notre séjour nous avons été choyés et promenés par des argentins adorables . Une virée dans le Golfo Nuevo pour voir les baleines et nous avons été gâtés car des humpack ont sauté entièrement de l’eau à quelques mètres seulement de Callibistris : magnifique et impressionnant ! De retour à Rawson nous retrouvons avec plaisir Kotic 2 qui a si bien dorloté Callibistris à son couple à Carmelo pendant notre absence mais Oleg, Sophie Igor 16ans bac français cette année et Olga partent pour les Malouines ; rendez vous en Géorgie.

120NM vers le sud nous sommes caleta Horno une superbe crique dans le golfo San Jorge où nous découvrons des lamas mais où les autruches ne se sont pas montrées. Le temps passe nous sommes déjà le 3 nov. aussi nous mettons les voiles pour la Géorgie du Sud 1300NM où nous arriverons le 11 novembre à Greytviken.

Bonne traversée au cours de laquelle le chauffage tombe en panne mais nous ne savons pas encore à quel point c’est ennuyeux ; des oiseaux nous accompagnent en permanence notamment les somptueux albatros et les amusants cape pétrels aux dessins indiens sur les ailes qui flirtent avec Callibistris en passant à toucher les filières et les haubans ; les dauphins ne nous ont accompagnés que pendant les deux premiers jours ; la 2ème nuit, sans lune, la mer nous offre un spectacle fou, toutes les vagues qui déferlent autour de nous sont des gerbes de lumière et ceci à perte de vue, notre vague d’étrave est tellement fluorescente que nous pouvons lire à sa lumière, nous avons l’impression de survoler le monde en navette spatiale, et puis soudain tout s’éteint ; premiers icebergs rencontrés à 150NM de l’arrivée et comme accompagnés de growlers ils deviennent de plus en plus nombreux notre dernière nuit sera à la cape jusqu’au petit matin et quelques heures plus tard nous entrons au moteur, car le vent nous a abandonnés dix milles plutôt, à Greytviken. Dans cette ancienne base baleinière nous sommes gentiment accueillis sur un quai en bois un peu pourri par Joss, le harbour master représentant le gouvernement de Géorgie, par Tim et Pauline venus ici il y a dix ans avec leur petit et centenaire Curlew de 28’ et qui développent le musée et restaurent quelques bâtiments, Harold et Hedel un couple allemand qui depuis un an aide en attendant de repartir peut être pour le Groenland. Il y a aussi une vingtaine de militaires car c’est ici qu’a commencé la guerre des Falkland.

La Géorgie du Sud est un véritable émerveillement pour nous. Imaginez les Alpes ( nous n’exagérons pas il y a des sommets à plus de 2500m. et un à 2900m.) avec leurs glaciers, leurs pics et aiguilles, leurs pentes neigeuses posées sur la mer. Et dans cet environnement si beau mais abrupt et difficile la vie est là, partout présente et avec une abondance que nul ne pourrait imaginer . En approchant nous avions vu des oiseaux, quelques phoques, des pingouins ; à terre c’est l’explosion la vie est partout , pétrels géants, snowy sheathbill, skuas, pintail et tant d’autres se partagent les plages et les grèves avec les pingouins, les éléphants de mer et les otaries.

Quelques longues marches dans cette montagne à partir de Greytviken ou d’ailleurs nous permettront de voir encore plus d’oiseaux et souvent dans leur nid et aussi les différentes races de pingouins car ils vivent en colonies et ils ont leur secteur propre pas toujours accessible par la mer.

Au moment de quitter Greytviken pour aller explorer le sud est de la Géorgie, Kotic 2 nous a rejoint et c’est bien agréable de partir à deux d’autant plus que Oleg connaît parfaitement cette île qu’il aime.

Les dieux sont avec nous, pendant quinze jours nous allons bénéficier d’un temps absolument exceptionnel qui va nous permettre d’explorer en toute quiétude ces merveilleux mouillages et de faire les ballades qui nous permettrons de découvrir les nobles et grands king penguins avec leur collier orange, les petits gentoo au bec rouge, les encore plus petits et plus bruyants chinstrap et les amusants macaroni avec leurs aigrettes jaunes ; quelle fabuleuse organisation sociale que ces pingouins, depuis le couple où à tour de rôle chacun couve l’œuf sur ses pieds mais bien recouvert par son manteau, en passant par les crèches qui gardent les petits pendants que les parents vont chercher en mer la nourriture .

Parlons des éléphants de mer dont les mâles sont si gros ,si laids mais finalement si sympathiques même quand ils viennent renifler pendant toute la nuit contre la coque du bateau. Ils se vautrent sur les plages entourés de leurs femelles qu’ils honorent régulièrement et pour la défenses desquelles ils savent se déplacer très vite pour se battre contre l’intrus de toute leur masse et le rejeter à la mer. Parlons aussi des élégantes otaries et de leur si beaux ballets dans l’eau sans oublier quand même qu’à terre elles sont souvent agressives et qu’un solide bâton est nécessaire pour les tenir éloignées.

Ainsi nous avons visité Coblers cove, St Andrews bay, Cooper sound, Cooper bay, Larsen harbour, Ocean harbour où Jacqueline a soufflé ses bougies et où Igor avait tué un renne pour nous.

Et là le vrai temps de Géorgie est revenu : froid intense, sans chauffage 3° dans le bateau, en mer vents forts 30 à 50KT avec de grosses vagues très courtes et peu de repos dans les mouillages qui sont balayés par des rafales catabatiques à 50, 60 voire 70KT. Même avec 100m. de chaîne on surveille en permanence le radar, le GPS, le sondeur . Ceci ne nous a pas empêché de visiter les anciennes bases baleinières de Leith et de Husvik où nous avons retrouvé Fleur Australe et où Michel a récupéré des tôles et tubes inox pour l’installation du poêle que nous espérons recevoir à Ushuaia car sans chauffage c’est vraiment l’horreur.

Nous sommes arrivés à Ushuaia le 25 décembre et pensons y rester quelques jours pour installer un poêle que nous devrions recevoir sous peu car notre chauffage étant tombé en panne notre croisière en Géorgie du Sud qui a été fantastique a aussi été épuisante en partie à cause du froid (3° dans le bateau) qui en plus des vents déments sans cesse présents a sucé toutes nos réserves.

Mais nous avons quitté la Géorgie avec tristesse le 4 décembre poussé par les éléments puisque de manière imprévisible le vent avait tourné à l’est dans la nuit et notre mouillage s’est vu non seulement envahi par les déferlantes mais aussi par des growlers dont un a fortement heurté le bateau, mais impossible de partir, il faisait nuit et surtout une très violente tempête de neige rendait la visibilité totalement nulle et nous avons préféré rester au mouillage sur nos cent mètres de chaîne plutôt que de risquer de heurter de la glace. Dés qu’il a été possible de voir, nous sommes partis avec donc ce coup de pied dans le c… qui avec violence nous a propulsés au milieu des très nombreux icebergs jusqu’à mi-route et ce en deux jours malgré la première nuit à la cape car il y avait encore trop de glace et de risques de collision. Les quatre cents milles suivants ont été plus classiques mais plus durs car le vent était revenu à l’ouest toujours à 35-40 nœuds établis mais tirer des bords avec ce vent ce n’est pas humain, aussi le vent devant fraîchir encore à 50 nœuds, nous avons choisi, à fin d’éviter l’enfer et pour assurer notre arrivée à Stanley avant la nuit le 9, d’aider nos voiles par le moteur pour les 100 derniers miles.

Et nous avons découvert les Falkland ou Malvinas, superbes îles où les habitants sont absolument adorables mais où le vent règne en maître et cela a été un petit peu le coup de grâce pour nous. Après plusieurs escales chez des fermiers, la dernière a été à Beaver island chez Jérôme Poncet pour voir Sally et les garçons, et nous étions en mer dans le détroit de le Maire pour la nuit de Noël. Nous sommes arrivés en fin d’après midi à Ushuaia et nous sommes arrêtés à couple du Golden Fleece de Jérôme. Nous avons aussi retrouvé nos amis Oleg, Sophie et leurs enfants Igor et Olga de Kotic 2 que nous suivons, croisons, précédons depuis Carmelo.

Installation du poêle et un peu de repos, puis nous pensons partir pour Puerto Williams, Chili, à trente milles dans le sud ouest pour parachever la remise en forme de l’équipage et ce n’est que si nous arrivons à récupérer à cent pour cent que nous appareillerons pour l’antarctique, sinon ce sera une lente remontée des canaux chiliens jusqu’à Puerto Monte puis plus au nord Valdivia où nous laisserons Callibistris pour revenir en France où nous espérons bien vous voir tous.

On ne s’ennuie jamais en bateau, il se charge de vous créer toujours suffisamment de problèmes pour que des escales où nous espérions ne rien avoir d’autre à faire que vous écrire deviennent des courses abominables pour réparer ou trouver une solution. Ainsi à Stanley tout à coup plus rien dans l’ordinateur, panique ; une gentille spécialiste après examen nous confirme : notre disque dur est mort de mort mécanique ; le lendemain miracle elle revient avec un disque dur qui peut s’adapter et nous installe quelques programmes mais nous n’avons pas tout car Michel a oublié à Noirmoutier le disque constructeur donc pas de son et peu de couleurs. Hourra tout va bien, mais le lendemain c’est le chargeur de cet ordinateur qui rend l’âme ! Heureusement nous retrouvons au fond d’un coffre un chargeur 12v-20v d’un précédent portable que nous pouvons adapter puisqu’il fallait 19v. A Beaver nouvelle alerte, à nouveau de l’eau dans l’huile du Perkins. Nous avions eu ce problème à Carmelo où après avoir éliminé l’eau par trois vidanges successives nous pensions que cela était dû à de la condensation et nous n’étions pas trop inquiets. A Beaver donc 2 vidanges il n’y a plus d’eau, nous partons avec une bride d’inquiétude mais tout va bien et heureusement car nous n’avons pas de vent de l’entrée de le Maire jusqu’à Ushuaia et à l’arrivée nous vérifions, il n’y a pas d’eau dans l’huile ; Hélas deux jours après il faut déchanter nous changeons de quai, le moteur a du mal à démarrer, vérification, hélas l’eau est revenue. Espérons que Perkins France et Garcia vont éclairer notre lanterne : est-ce comme nous le pensons le circuit d’eau de mer qui se met en siphon et provoque ainsi le remplissage du pot d’échappement ?

Et puis pourquoi ne pas dire que notre poêle dont nous rêvions tant est quelque part à Buenos Aires mais nous n’avons pas encore réussi à savoir où malgré les heures passées au téléphone tant par nous que par François à Paris.

Voilà un petit peu détaillé quelques exemples de notre vie quotidienne qui en ce moment obscurcissent un peu l’immense plaisir de naviguer dans ces mers australes.
Grands baisers à vous tous, Jacqueline et Michel.

 

 

Date : 24/03/00

Nous avons été très silencieux depuis Ushuaia, mais étions surtout très fatigués, ravis mais épuisés, nous réalisons que d’avoir attendu la retraite, l'âge est là.

La météo de janvier à mi-février était épouvantable et après 4 jours d’attente dans une petite baie juste avant le passage du Drake avec 55 à 70 nœuds de vent, nous avons décidé de ne pas aller en péninsule Antarctique, en revanche nous avons profité d’une courte éclaircie très matinale pour aller faire le tour du cap Horn avec beaucoup de joie et d émotion.
De retour a Puerto William nous avons récupéré chacun à notre rythme avec « la fièvre du castor » et autres virus locaux.

La remontée des canaux chiliens a été extraordinaire, des paysages majestueux, angoissants, des glaciers superbes et des petits mouillages parfois aussi beaux que difficiles. Nos seuls contacts étaient quelques phares et de rares voiliers que nous avions la très agréable surprise de retrouver dans un mouillage ou ceux qui, en descendant, se déroutaient comme nous pour nous permettre une petite causette, des échanges de renseignements sur les dernières caletas visitées et des messages pour les uns plus au nord et les autres plus au sud avant de chacun reprendre sa route.

 

 

Date : 13/11/00

Nous n’avons pas encore pris la mer !!!
Arrivés à Valdivia CALLIBISTRIS nous attendait au sec sous sa bâche, triste, sans aucune caresse en notre longue absence. Nous avons eu largement le temps de faire tout l’entretien, réparation, préparation des câbles électriques pour la nouvelle radio BLU, panneaux solaires, etc. mais avons dû attendre d’être à l’eau pour faire les essais, tout semble marcher. L’avitaillement est fait pour 3 mois.
Pourrons nous partir demain ? Même question depuis 15 jours, les douanes, immigration et santé attendent notre appel pour venir tamponner notre sortie.
Selon les vents, etc. nous passerons à l’île Robinson Crusoë, les Galapagos, les Hawaï, les Mariannes, Taiwan, sud  Japon, Corée, les Kouriles, le Kamtchatka, les Aléoutiennes et l’Alaska.
Nous penserons à vous souvent, donnez nous de vos nouvelles.
Affectueusement a vous tous. JaMi

 

Date : 22/11/00 :

Ouf, sous spi ! Super la petite lumière jaune sur Inmarsat, nous étions de très mauvaise humeur après tout ce retard à Valdivia. Hélas nous ne serons pas là l'été prochain pour voir tout ce que vous préparez, vous nous le raconterez au coin du feu...

Nous avons enfin quitté Valdivia mercredi dernier, descendu la rivière et en fin de matinée nous étions en mer avec un bon vent de travers et une mer assez forte, si bien que j'ai trouvé un peu dure la reprise de contact, malade, malade ! La première journée a été rapide, 9.5 kt de moyenne avec des pointes à 14 kt. Ensuite à mon grand soulagement cela s'est beaucoup calmé, petite brise de travers et samedi matin à l'aube nous sommes arrivés à l'île de Robinson Crusoë distante de 460 nm.
Eh oui c'est l'île où en 1705 Alexander Selkirk s'était fait débarquer par son capitaine grincheux et où il est resté 4 ans avant d'être récupéré. Ile magnifique, abrupte, des couleurs de terre incroyables et une végétation exubérante, couverte de fleurs. Dimanche nous avons fait l'escalade jusqu'au col à 550m d'altitude d'où Alexander, le Robinson de Daniel Defoe allait scruter l'horizon. 750 habitants dans cette île surtout des pêcheurs de langoustes mais nous n'avons pas pu en acheter car rien ne bouge le dimanche.
Partis lundi matin le 20, tout petit temps mais mer agitée, nous nous traînons sous spi asymétrique à 5 kt. Les nuits sont encore froides mais cela va se réchauffer en montant vers le nord car nous avons 2100 nm à courir pour les Galapagos juste en dessous de l'équateur.
Depuis ce matin nous sommes sous grand spi vent 17/18 kt, vitesse 8/10 kt, le pied !

 

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